Du 22 au 27 novembre
Les mythes ne sont rien d’autre que cette exigence insidieuse et inflexible, qui veut que tous les hommes se reconnaissent dans cette image éternelle et pourtant datée qu’on a construite d’eux un jour comme si ce dût être pour tous les temps. Car la Nature dans laquelle on les enferme sous prétexte de les éterniser, n’est qu’un Usage. Et c’est cet Usage, si grand soit-il, qu’il leur faut prendre en main et transformer. R. Barthes in Mythologies, 1957.
Les Nouvelles Mythologies
Les Nouvelles Mythologies ou comment les mythes anciens traversent notre monde contemporain avec l’émergence des nouvelles technologies et la prédominance de l’image.
Partant du constat que Cannes est la ville mythique de l’image, j’ai souhaité interroger le corps vivant et l’art chorégraphique dans notre monde en pleine mutation des plaisirs et des perceptions autour d’une thématique commune aux deux éditions de la biennale de danse de Cannes (2011 et 2013).
Le choix de cette thématique part d’une réflexion du philosophe allemand Peter Sloterdijk pourqui nous sommes en train de vivre un nouvel horizon mythologique. « La somme de toutes les informations et de toutes les histoires véhiculées dans nos médias produit un effet mythologique… »
Mythologie du Corps
Le corps représente une des problématiques parmi les plus importantes des sciences humaines actuellement. Pour le danseur, il s’agit de son outil de travail principal. Son corps est inlassablement questionné.
Nous entretenons un nouveau rapport au corps aujourd’hui : il devient lieu d’expérimentations ; on assiste à un remodelage du corps grâce aux « bienfaits » de la science.
S’il est vrai que nous vivons de plus en plus notre corporéité à partir d’un couplage avec toute une série de prothèses, le corps reste fragile, sensuel, condensé de mémoires, capable de résistance et, jusqu’à nouvel ordre, il est la première instance qui nous permet d’habiter le monde.
Mythologie de l’Image
Le monde moderne est comme une arène en perpétuelle mutation où les hommes sont confrontés aux images qu’ils produisent; un monde qui, via la publicité, les autoroutes de l’information, façonne aujourd’hui désirs et angoisses toujours recyclés de l’être humain: mythe de l’éternelle jeunesse, de la beauté physique, sentiment d’insécurité, …
Force est de constater que la mythologie moderne consacre le règne de l’image; cette confrontation corps/image devient le lieu d’une affirmation du sujet face au monde technologique.
Mythologie de la Technique
Le corps contemporain est de plus en plus confronté aux univers immatériels, aux réalités artificielles. La technologie permet d’étendre ses capacités et en même temps tente de le coloniser.
Outre le rapport danse/technologie, la Biennale s’appliquera aussi à questionner le rapport technique contemporaine et technique classique de la danse.
“Les Nouvelles Mythologies” sera donc l’occasion de réfléchir, à partir d’écritures chorégraphiques très diversifiées, à ce qui est spécifiquement humain, à la danse en tant que réappropriation du corps, à ce qui nous différenciera toujours des machines et des images, à ce que peuvent être les définitions d’un nouvel humanisme au moment où les repères identitaires changent en même temps que l’organisation de l’espace.
Frédéric Flamand, Directeur Artistique
