Directions artistiques

La qualité et la diversité de la programmation du Festival de danse de Cannes sont le fruit du travail de ses directeurs artistiques. Leur rôle : dénicher les talents, créer des ponts entre les cultures, offrir au public une expérience artistique.

Didier DESCHAMPS

Directeur artistique depuis 2023

 

Didier Deschamps est un danseur, chorégraphe et pédagogue français né en 1954 à Lyon. Après avoir assuré la direction de Chaillot – Théâtre national de la Danse jusqu’en avril 2021, il succède à Brigitte Lefèvre à la direction artistique du Festival de Danse – Cannes Côte d’Azur.

Formé à la danse à Lyon notamment auprès de Michel Hallet Eghayan, puis à Paris au Centre International de Danse, il étudie ensuite à New York au sein du studio de Merce Cunningham. Didier Deschamps est dans un premier temps interprète dans des compagnies nationales et internationales, notamment dans celle de Régine Chopinot ou au ballet de l’Opéra de Lyon, ainsi qu’aux États-Unis au Hawaï Dance Theatre (répertoire José Limón et Doris Humphrey).

Contribuant au développement de la nouvelle danse française, il crée sa propre compagnie et devient chorégraphe notamment pour Régine Chopinot, le Centre national de danse contemporaine d’Angers, le Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon, et pour des compagnies résidant à Copenhague et Londres.

Parallèlement, Didier Deschamps se consacre à l’enseignement de la danse et intervient dans de nombreuses compagnies, à la Ménagerie de verre à Paris puis à l’étranger, avant d’être nommé en 1983, directeur des études du Centre national de danse contemporaine d’Angers, alors sous la direction de Viola Farber. De 1984 à 1990, il devient directeur du département des études chorégraphiques du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon.

Dès 1990, il rejoint l’administration ministérielle. Il est nommé Inspecteur général de la danse par Jack Lang en 1992, puis Délégué à la danse par Philippe Douste-Blazy en 1995, et enfin Conseiller pour la danse auprès de Dominique Wallon, alors directeur de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles (DMDTS), en 1998.

Le 1 er juillet 2000, il est nommé directeur du Centre chorégraphique national – Ballet de Lorraine, succédant ainsi à Pierre Lacotte qui dirigeait ce centre depuis 1991. Il est également nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, officier dans l’Ordre national du Mérite, commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres et membre correspondant de l’Académie des Beaux-Arts.

En 2016, il est désigné Personnalité de l’année par l’Association Nationale des Critiques.

En 2018, il reçoit le « Menada Award »et devient Doctor Honoris Causa de l’université de Skopje.

En juillet 2011, il est nommé à la direction du Théâtre National de Chaillot. Dans le même temps, le théâtre devient Chaillot – Théâtre national de la danse.

En janvier 2022, il prend la succession de Brigitte Lefèvre et est nommé Directeur artistique du Festival de Danse Cannes – Côte d’Azur France.

Brigitte Lefèvre

Directrice artistique de 2015 à 2021

« Ouvert en 1985, le Festival de Danse de Cannes est un témoin privilégié de l’évolution de l’art chorégraphique, devenu, au fil des années, un rendez-vous artistique incontournable de la Ville de Cannes qui a su faire aimer la danse sous ses différents aspects.

Je tiens à rendre hommage à mes prédécesseurs, notamment à l’extraordinaire engagement de Rosella Hightower qui a su si bien allier sa passion de la danse à la Ville de Cannes en y créant son École Supérieure puis en présidant à la naissance de ce festival qui présentait l’art chorégraphique comme elle l’aimait, soit dans toute sa diversité.

Jean-Luc Barsotti qui en fut le premier directeur, et tout particulièrement Yorgos Loukos qui en a assumé la direction pendant seize ans, puis Frédéric Flamand qui lui a succédé, ont poursuivi cette démarche d’ouverture en faveur de la danse, et c’est tout spontanément que j’ai accepté la proposition qui m’a été faite d’assurer cette édition et la suivante dans l’esprit de ses débuts. C’est-à-dire en accueillant des compagnies de différentes nationalités, des chorégraphes incontournables et de nouveaux talents permettant le rapprochement avec des chefs-d’œuvre tout en osant la nouveauté de pièces inédites dont la découverte sera réservée au public de Cannes.

J’espère ainsi permettre au public de voyager poétiquement et esthétiquement sur les territoires nuancés de la danse d’aujourd’hui dans toute sa vivacité. Cette programmation est une façon d’évoquer la fluidité et la force de trajectoires croisées, qui parcourent les différentes parties du monde, et se rencontrent ici. Comme la mer se prolonge un temps sur les rochers avant de repartir pour élargir notre champ respirable et enrichir nos rêves. Je remercie tous ceux qui m’ont offert cette belle aventure, et en particulier David Lisnard, Maire de Cannes, qui m’a donné la possibilité de tisser ces liens afin de rendre la vie plus belle. »

– Brigitte Lefèvre

Frédéric Flamand

Directeur artistique de 2011 à 2013

« J’ai eu la chance de diriger 2 éditions du Festival de Danse de Cannes (en 2011 « Les nouvelles Mythologies » et en 2013 « Traces/Reflets »). Cannes, la ville mythique du cinéma et de l’image m’a donné l’occasion d’interroger le statut du corps moderne, confronté aux courants, désirs et bouleversements de notre contemporanéité et aux nouvelles mythologies qu’il produit. Une vision de la danse comme porteuse du futur de l’homme, de sa vitalité, de sa révolte, de sa liberté face au miroir technologique et aux conflits du temps.

À partir d’écritures chorégraphiques très diversifiées, susciter une réflexion sur ce qui est spécifiquement humain, sur ce qui nous différenciera toujours des machines et des images. Le corps a reconquis une place centrale dans l’art, un corps inquiet, mutilé, changé, souffrant ou recréé mais qui reflète l’image de l’homme actuel. Une danse où l’on voit se dessiner les formes les plus intéressantes avec les autres champs artistiques, avec une prédilection pour les artistes faisant émerger quelque chose de nouveau, qui interpellent les faces cachées de notre personnalité et réaffirment des libertés premières.

Pour affiner le propos en 2013, j’ai souhaité explorer la notion de Traces/Reflets ; traces d’un corps-mémoire toujours présent qui expliquent nos comportements ; traces des corps en mouvement qui créent une véritable calligraphie sensible. J’ai voulu montrer dans ces deux éditions du Festival de Danse que le corps peut être perçu comme une synthèse de toutes les pratiques artistiques : le théâtre, la peinture, la sculpture, la musique, la littérature, le cinéma et surtout la danse. »

– Frédéric Flamand

Yorgos Loukos

Directeur artistique de 1992 à 2009

« Quand Rosella Hightower m’a proposé de prendre la direction du Festival de Danse de Cannes, le moins que je puisse dire c’est que j’étais très surpris. Cannes, pour tous les danseurs de ma génération, a été pendant une période, l’endroit où on venait prendre des cours. Je connaissais un peu le Festival mais pas très bien. Juste après, j’ai eu un coup de fil d’Igor Eisner, à l’époque Inspecteur de la Danse au Ministère de la Culture, et de Paul Lepercq, Président du Conseil d’Administration du Festival, que je connaissais de New York. Très pris par mes fonctions de Directeur du Ballet de Lyon, je me demandais comment je pourrais m’occuper aussi d’un Festival qui, à l’époque, avait lieu tous les ans. C’est Jean-Pierre Brossmann, Directeur de l’Opéra de Lyon, qui m’a conseillé d’accepter me disant que cela serait bien pour tous : le Festival, la Compagnie, moi-même.

Effectivement, cette expérience à Cannes a été pour moi vingt ans de pur bonheur, une occasion extraordinaire d’apprendre, rencontrer des gens, évoluer, murir et enfin être heureux. J’ai vite compris que je devrais m’intéresser à beaucoup de choses qui n’étaient pas forcément des spectacles qui m’auraient intéressé comme directeur de compagnie mais être à l’écoute des jeunes créateurs qui pourraient apporter de la nouveauté à un Festival où la création et la jeunesse faisaient partie de son identité.

C’est grâce à Cannes et au succès du Festival que, quelques années après, j’ai eu la proposition du Ministère des Affaires Étrangères d’organiser un festival à New York et quelques années plus tard, à Londres. Je pense aussi que la proposition que j’ai eue pour le Festival d’Athènes dépend en partie du succès du Festival de Danse de Cannes. Vingt-trois ans après, Cannes reste dans mon coeur et je suis ravi et ému chaque fois que j’y retourne. En fait, c’est assez simple : cette ville a tout pour plaire, la Méditerranée, le soleil et la culture, un véritable bonheur. »

– Yorgos Loukos

Jean-Luc Barsotti

Directeur artistique de 1985 à 1991

« Lorsque les responsables de la Culture à Cannes et Rosella Hightower me demandèrent d’assurer la direction d’un festival de danse qu’ils avaient décidé de créer, j’ai immédiatement approuvé l’idée d’une manifestation hors période touristique, renouant avec les traditionnelles saisons du Marquis de Cuevas auxquelles les Cannois avaient été très attachés. Il fallait cependant tenir compte de nouvelles exigences et de toute une jeunesse sensibilisée par l’explosion de la danse.

Une formule s’imposait : un festival international réunissant, en quelques jours, un grand nombre de compagnies, avec deux maîtres mots : Qualité et Éclectisme.

Dès la première année, la gageure était tenue, nos théâtres et leur excellente équipe technique permettaient de recevoir en alternance les troupes invitées, menant tambour battant, montages et démontages, répétitions et représentations ; le public, dans un mois réputé creux, répondait à l’appel et nous donnions déjà des spectacles à guichet fermé. Le mot est vite passé dans le monde de la Danse et les plus grands noms ont accepté de participer à notre Festival : Cullberg, Nederlands, Scala de Milan, Stuttgart ; mais aussi des formations moins connues du grand public ont soulevé les salles par leur talent et leur enthousiasme de danser. »

– Jean-Luc Barsotti